Un nouveau jour.

Formation Nombre de messages : 154 XP : 27 Date d'inscription : 27/07/2008

Le silence fut brisé par le grincement de l'immense porte de bois à deux battants qui servait d'entrée à l'établissement. Une silhouette vague, emmitouflée dans une multitude de couvertures en lambeaux flottant derrière elle comme une cape de seigneur désargenté, entra, et avec elle s'engouffrèrent une bourrasque de vent glacé et quelques flocons de neige. L'homme portait un chapeau de cuir et un foulard lui montait jusqu'au nez, de telle manière que de son visage, on ne pouvait voir que son regard rouge sang. Mais il n'y avait personne pour le voir.

La porte se referma sous son propre poids, et l'homme se retrouva dans un silence et une obscurité totale. De ses épais haillons, il extirpa une main gantée; il esquissa un mouvement et une flamme jaillit entre ses doigts. Il murmura quelque chose d'incompréhensible, et la lueur se divisa en une multitude d'étincèles qui fendirent les ténèbres jusqu'aux dizaines de torches éteintes qui flanquaient les murs de pierre du couloir. Quelques instants plus tard, les lieux furent éclairés d'une lumière vacillante.

Il n'y avait plus rien. Kopathya s'en doutait. Après tout, il n'y avait pas de raison pour la Guerre Céleste ait épargné cette école où il avait vécu les évènements les plus signifiants de sa vie, et où il avait rencontré les personnes qui avaient le plus compté pour lui. Il avança, dans le clair obscur; on eut dit un fantôme dans son élément. Il s'alluma une cigarette. Ses pas résonnaient dans le silence. Il ne savait pas trop ce qu'il cherchait, à s'enfoncer dans le bâtiment. Arrivé à un carrefour, sans véritable raison, il s'arrêta, s'adossa à un pan de mur. Il sortit une gourde.

*A votre santé, Ivan, Meghan...*

Une larme roula sur sa joue, tandis que dans sa gorge coulait du sang caillé. Il s'affala, finit assit contre le pan de mur. Il fixait la torche allumée sur le mur d'en face. Il n'avait plus rien. Il n'était plus rien. Il avait parcouru le monde, espérant retrouver quelqu'un qui lui fut cher; sans succès durant toutes ces années. La guerre n'avait duré que trois ans. Et pourtant, la terre n'était plus qu'un champ de ruines. Les Hommes pleuraient leurs morts, reconstruisaient tant bien que mal sur les décombres dans cet étrange élan vital qui s'obstine à animer d'un souffle précaire les coeurs les plus brisés; mais pour la plupart d'entre eux, la vie était simplement finie. L'espèce ne s'éteindrait peut-être pas, mais cela n'était qu'instinctif, mécanique.

Il n'avait plus de frère, ni de famille. Et de ses errances, jamais il n'avait retrouvé l'un de ceux qu'il pensait capable de survivre dans de telles circonstances: Estreya, Jeff, Aya, Jon Melon, Ios, Zade, et tous les autres.

Lui n'était pas mort. Du moins, son corps de vampire était toujours animé, avait conservé sa vigueur surnaturelle. Il avait simplement eu de la chance. L'instinct de survie était présent même chez les vampires.

Il se remit à marcher.

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